Les Fées (de Perrault)
Les Fées
C'est un texte du 17ème siècle. Ce conte est une sorte de
fable avec une portée morale. Il illustre le genre merveilleux. Contrairement
au genre fantastique où l’intrusion pose un problème, le surnaturel ne
provoque aucune surprise. Les personnages considèrent les fées comme faisant
partie de leur univers. La problématique est la situation initiale. On peut
donc y reconnaître le schéma minimum
du récit, avec une situation initiale en déséquilibre. Il y a
ensuite la situation intermédiaire avec une série de péripéties. Enfin, une situation
finale va combler le manque initial, ce qui va restaurer un équilibre.
I / La situation familiale exposée dans le premier
paragraphe
a)
Caractéristiques des personnages féminins :
On a affaire ici à un trio de personnages féminins dans une situation
déséquilibrée, car la mère aime la fille aînée, et rejette la cadette. Il
n’y a pas de personnages masculins (le père est décédé et la cadette lui
ressemble). Ce trio fonctionne d’une manière déséquilibrée, car la mère a
une relation narcissique (admiration de sa propre personne) avec sa fille aînée
( « qui la voyait, voyait sa mère » : chiasme). Le chiasme révèle
la relation entre la mère et la fille, l'une est le reflet de l'autre, elles
ont les mêmes caractères. Elles sont unies par l’emploi du pluriel, alors
que l’on parle de la cadette au singulier. La ligne 5 annonce que la fille aînée
ne pourra vivre avec personne. Cette situation narcissique et le mauvais caractère
des deux personnages les condamnent à la solitude. Le modèle
d’identification de la fille cadette est son père. Ce dernier représente
l’altérité (l'autre par excellence). L'aînée reste enfermée dans sa
propre image. Dans l’introduction du conte, on a une famille féminine, et à
la fin on a une famille masculine. La fille cadette va donc changer de famille,
et le roi va peut-être devenir un père de substitution. Elle a deux qualités
morales : la douceur et l’honnêteté. Elle possède aussi des qualités
physiques. Comme elle est douce et honnête, elle obtiendra une récompense, sa
dot et pourra donc se marier.
b)
Un flou entoure la condition sociale des personnages :
La fille cadette mange à la cuisine et travaille sans cesse. Elle se
substitue aux domestiques ou les remplace. Il y a aussi l’histoire du flacon
d’argent. La mère et la fille cadette se vouvoient. Fanchon est un nom
populaire avec une connotation de servante. "oui-dà"àconnoté
au style bas (paroles de gens peu instruits). Pour la fille aînée, aller à la
fontaine est une déchéance. Le statut social est difficile à déterminer,
mais ce qui est certain, c’est que le mariage apportera une promotion sociale.
A la fin, elle aura une situation de princesse, donc la situation finale
restaurera le déséquilibre initial.
II / L’épreuve de la fontaine :
a)
Le symbolisme de l’épisode
Le conte a une portée morale et symbolique. Entre la situation initiale
et la situation finale, le héros doit faire un parcours jalonné d’épreuves.
Ce parcours se fait dans l’espace : de la maison à la fontaine, de la
fontaine à la forêt, et de la forêt au château du roi. L’espace dans le
conte représente la figure du temps qui passe, et le temps représente la
maturation pour arriver à l’âge adulte. On considère la surface de l’eau
comme un miroir, étape de la reconnaissance de soi. La fille cadette accomplit
une épreuve physique, et elle va accomplir une épreuve morale en étant
charitable avec la vieille femme (lignes 18 à 22). Malgré l’apparence
physique de la vieille femme, la cadette ne lui manque pas de respect, et reste
courtoise. Elle s’adresse à elle comme à une bonne mère digne de ce nom. Le
reflet de l’eau prouve que la cadette est capable d’accueillir les autres.
En revanche, la fille aînée ne réussira pas l’étape de la fontaine. Elle
meurt, engloutit par son image. Cette image se reflète dans la mère.
La fée apparaît sous deux apparences différentes. C’est un
personnage ambivalent. Elle adopte une apparence adjuvante avec la fille
cadette, opposée avec la fille aînée. Cette double personnalité explique le
titre « les Fées ».
b)
Le thème du langage
Le thème du langage, dans ce conte, a beaucoup d’importance. Le
dialogue prend beaucoup de place, pour mieux signifier que le thème de l’échange
est au cœur du récit.
Conclu :
Ce conte a un caractère édifiant et divertissant. La source de la magie est
surtout l’âme humaine. Le surnaturel est très discret ici, il n’est pas vraiment mis en scène,
il a une portée morale et symbolique.
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