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La Vénus d'Ille (de Mérimée) :
la description de la Vénus

La Vénus d'Ille

Cette nouvelle a été composée au début de la carrière de Mérimée. Il pense que la Vénus d’Ille est un chef d’œuvre. Il en a fait un acte exceptionnel par le lieu d’Ille. S’il n’avait pas choisi ce lieu, l’histoire ne serait pas nouvelle (il y a déjà eu des histoires semblables à celle-ci). On assiste à la première description de la statue, car pour la première fois depuis le début de l’histoire, elle est vue de près.

I / Étude des personnages :

a)      Le narrateur

Le narrateur est un archéologue parisien attiré par un amour de la découverte. L’auteur a choisi des scientifiques, car ce sont des personnages fiables. Le témoignage du narrateur est crédible, car il est sérieux. Mais on se dit que si lui est troublé par la statue, c’est que cette dernière doit avoir une faculté d’animation extraordinaire, elle doit avoir un pouvoir surnaturel. Le narrateur va être gagné par la peur, par l’émotion. Cela signifie donc que la Vénus a un pouvoir étrange et unique. Par le jeu de la focalisation interne, on se met à la place du narrateur.

b)      L'hôte du narrateur 

L’hôte du narrateur est lui aussi archéologue, mais amateur. Il s’appelle Monsieur de Peyrehorade. Tout comme le narrateur, l’inconnu l’attire. Le latin, qui est la langue savante, permet d’insister sur l’esprit scientifique des deux personnages. A la ligne 21, Monsieur de Peyrehorade souhaite faire « une conférence scientifique ». Cette expression montre le ridicule de l’hôte, qui a un enthousiasme un peu excessif. Il désire confronter ses connaissances et celle du narrateur. Il veut montrer son érudition, et va citer Racine, pour montrer qu’il a une certaine instruction. Tous ces exemples montrent la fantaisie de Monsieur de Peyrehorade, et sa ridiculisation, à vouloir étaler son savoir.

II / La description de la statue 

a)      Une description objective et scientifique

On va déceler une grande rigueur dans l’observation. Le narrateur se réfère à ses connaissances. Il est étonné que la statue soit exceptionnelle, qu'elle fasse exception à la règle. Il envisage une possibilité de lacunes dans ses connaissances et ses souvenirs. Il est donc d’une grande intelligence. Il décrit principalement la tête et la physionomie d’une grande beauté( « le visage d’une très grande beauté » ). On dirait qu'elle est vivante :"elle fait baisser les yeux"àcontraste décrit en toute objectivité. Cette description objective va descendre vers une description subjective (d’où l’irrationnel).

b)      La description subjective et affective 

Dès le premier paragraphe, on a le champ lexical de l’affectivité : "dédain", "cruauté", "absence de toute sensibilité". Il a un sentiment pénible (lignes 8 et 9)Le narrateur éprouve un sentiment de malaise qu’il se reproche à lui-même. On a l’impression que la statue est animée (ligne 15 : description objective des yeux). C’est irrationnel : c’est une illusion qui rappellerait la vie, la réalité. Les sentiments de malice deviennent des sentiments de méchanceté. A la ligne 5, la statue est décrite comme ayant une « majestueuse immobilité ». On en déduit qu’elle a eu une malicieuse mobilité. L'utilisation du participe présent "arrivant" suggère le mouvement de la malice jusqu'à la méchanceté. Elle est si vivante que le narrateur arrive à une rêverie sur le monde réel. "Je doute que le ciel ait produit une telle femme"àSi le Ciel ne l'a pas créée, , c'est l'enfer qui l'a créée, elle est infernale. 

III / L’interprétation de l’inscription latine :

a)      L’ambiguïté propre au fantastique contenue dans la difficulté de la traduction 

Sur le socle de la statue, est inscrit « CAVE AMANTEM ». Mérimée fait figurer dans son texte, le problème de l’interprétation, propre au genre fantastique. Il y a deux sens possibles : « prend garde à celui qui t’aime, défie-toi des amants », et «  prends garde à toi si elle t’aime ».

b)      Le thème du langage et le problème de sa validité 

Le narrateur va poser des limites au langage. Est-ce que le langage scientifique est capable de tout expliquer ? Non et ce texte en est la preuve. On a affaire ici à une énigme linguistique.

Conclu : Dans ce texte, l’ambiguïté est présente, même dans le choix du nom de l’hôte, car Monsieur de Peyrehorade est celui qui parle à tort et à travers (du verbe pérorer). Quant au narrateur, il quittera Ille, sans savoir non plus ce qui a bien pu se passer. On a tendance à s’identifier à l’archéologue, sans savoir véritablement à quelle interprétation s’en tenir.